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Des vents contraires (Olivier Adam)


Sans que Paul n’en sache la raison, son épouse Sarah n’a pas réapparu chez eux depuis plus d’un an. Pour tenter de se reconstruire, il déménage avec ses deux enfants dans son coin de Bretagne natale. Une douleur sourde et lancinante dans le cœur, il tente de continuer à vivre en prenant chaque jour comme il vient, l’un après l’autre, un pied devant l'autre …
 
‘Des vents contraires’ est un livre sur l’absence, celle qu’on traîne comme un boulet aux pieds, qui handicape, nous interdit d’aller de l’avant, de faire des projets. Un grand spleen, une certaine noirceur traverse ce livre non dépourvu d’espoir pour autant, même si l’atmosphère générale est assez pessimiste. On peut s’atteler à la lecture de ce bouquin si on a le moral ou tout du moins l’humeur confortablement cafardeuse. L’auteur scrute l’âme et raconte les paysages mélancoliques de bord de mer, quitte à en faire à mon goût un peu trop en mettant des descriptions poétiques à chaque coin de chapitre (« … au milieu des eaux turquoise, à gauche des vallons tombaient dans l’eau avec une douceur insensée, les bleus se mêlaient aux verts tendres, aux jaunes mordorés sans anicroche … »).
 
En tout cas, c’est un beau livre bien écrit, même si la ponctuation m’a parfois gêné avec son oubli assumé des virgules (voir passage joint), sur un homme malheureux qui aime viscéralement sa femme et ses enfants. Cela m’a touché.

Collection Points - page 265
Mais ça m’a fait du bien de tout retrouver intact, c’était comme une preuve, quelque chose avait bien eu lieu, je n’avais pas rêvé. La vie d’avant, la vie tranquille, la bonne vie, simple et modeste, petits bonheurs au jour le jour, la fatigue du boulot des enfants du temps qui passe mais c’était tout, faire des puzzles sur le tapis m’allonger près d’eux devant un dessin animé, embrasser Sarah dans le cou l’entendre prendre sa douche, une bière en été des cacahuètes sur la chaise longue, près des hortensias, baiser dormir enlacés lire la tête sur son ventre, la regarder partir au matin et retrouver la maison silencieuse et calme. Lire le journal, boire un verre, fumer des cigarettes. Jeter un œil au ciel. Rêver à la mer. Y aller quelques jours au printemps, quelques autres en été, la douceur d’une vie de sel et de sable. Et puis de temps en temps, quand l’argent voulait bien venir, s’enfuir à Prague, à Barcelone, à Lisbonne ou à Rome, Sarah marchait dans ses ruelles orange et sanguines, Clément lui tenait la main et Manon lui prenait son ventre.

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