Ces jours derniers, j'ai terminé la lecture du journal d'Hélène
Berr, dans lequel elle nota les évènements et ses impressions sur sa vie
de jeune juive parisienne entre 1942 et 1944. C'est un
livre assez impressionnant car on vit de l'intérieur les
persécutions allemandes vis à vis de la population juive.
Le début est relativement léger : Il fait beau et Hélène est une excellente étudiante à la Sorbonne. Elle semble plutôt douée pour le bonheur malgré l'habituel tracas des amours naissantes. L'écriture est encore plutôt embryonnaire : elle n'a peut-être pas encore assez vécu de choses. Puis l'angoisse monte crescendo : le port de l'étoile jaune, les rafles, l'emprisonnement de son père à Drancy, les rumeurs sur le sort des juifs là-bas dans l'est ... Hélène, bénévole pour aider les malheureux, vit ça dans sa chair. Sa plume s'en fait ressentir : elle gagne en profondeur et en lucidité. Elle sera finalement arrêtée en mars 1944 et mourra à Bergen-Belsen quelques jours avant la libération du camp en avril 1945. Son journal ne fut publié que très récemment (2008) sur l'initiative de sa nièce.
C'est très étrange de lire un tel récit à la première personne en se disant qu'effectivement, Hélène Berr a vraiment vécu cette époque tellement horrible pour le peuple juif. Elle était généreuse, brillante et pleine de promesses ; sa très belle écriture et son recul sur les choses le prouvent. Elle a eu simplement la malchance d'avoir vingt ans dans les années 1940.
J'ai beaucoup aimé la lecture de son journal. L'émotion m'étreignait de plus en plus au fur et à mesure que l'étau se resserrait autour d'elle. Bizarrement, les passages qui m'ont le plus bouleversé n'étaient pas dans le journal. Ce furent indéniablement le récit de sa disparition et les témoignages sur elle des gens qui lui ont survécu.
A noter la jolie préface de Patrick Modiano que je vous conseillerais de lire plutôt après la lecture du journal.
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