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Dans la forêt (Jean Hegland)


Kit de survie


Eva et Nell, deux sœurs de dix-sept et dix-huit ans, habitent à l'écart en pleine forêt en Californie du Nord. Leurs parents sont décédés et le reste du monde semble avoir succombé à une panne générale entraînant la mort d'une grande partie de la population. Après le deuil, il va falloir vivre .. et survivre.

Il est difficile de savoir, en commençant sa lecture, à quoi s'attendre avec cette histoire. La quatrième de couverture laisse planer le doute. Est-on dans une dystopie, un drame familial, un thriller psychologique, un récit écologique ? Je dirais que c'est un peu de tout cela, ce qui place le bouquin dans une case bien à part. J'ai aimé lire sa première partie dans l'attente des retournements de situation que Jean Hegland sait distiller pour favoriser une forme de suspense tant il apparaît vraiment qu'elle ne veut pas nous dévoiler trop vite où elle souhaite finalement nous emmener. Et puis, soudain, on comprend, plus ou moins rapidement j'imagine selon les lecteurs, ce qu'elle a voulu faire avec ce magnifique roman intime et initiatique, ce complexe huis clos entre sœurs au milieu des grands espaces qui sonne terriblement juste. La forêt, avec ses beautés et ses dangers, sont décrites avec réalisme tandis que Nell, la narratrice, s'y fond progressivement au point de nous communiquer son lien organique, presque sacré, avec celle-ci.

Dans la forêt est un roman formidable, très bien écrit, beau et dur. Une réflexion sur notre société, notre manière de vivre et une ode au retour à l'essentiel, ou du moins au minimum. Il faudrait, dans nos sociétés, pas moins d'une catastrophe majeure pour nous faire revenir en arrière, pour espérer apercevoir la beauté du dénouement et la générosité des uniques bienfaits de la nature, telles qu'Eva et Nell finissent par la connaître.
 

Gallmeister - page 243 et 244

Pendant longtemps nous avons travaillé en silence, remplissant nos sacs en toile et nos taies d'oreiller. Lorsque le soleil a été au zénith, tous nos récipients étaient bourrés de glands. Adossées contre le tronc du chêne sous lequel nous avions trimé, nous avons mangé des œufs durs et des pommes, en contemplant les collines silencieuses, desséchées par le soleil.
- On est peut-être les deux dernières personnes sur terre, a dit Eva d'une voix qui ne traduisait ni peur ni tristesse.
J'ai hoché la tête un peu rêveusement, et j'ai répondu sur le même ton :
- Oui, peut-être.

Commentaires

  1. oh oui je l'ai trouvé formidable, magnifique et tellement puissant, ce roman! Une lecture inoubliable!

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    1. Bonsoir Violette, désolé de ma réponse tardive, je n'avais pas vu ton message. Merci d'avoir réagi sur mon billet concernant ce (effectivement) beau roman :

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  2. Je crois que ce roman est ma plus belle lecture de 2018 à ce jour. Je l'ai vraiment beaucoup apprécié. J'ai regardé l'adaptation la semaine dernière et c'est plutôt pas mal, assez fidèle au roman et avec une très jolie BO.

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    1. Le film m'attire irrésistiblement également. T'as raison, c'est un superbe roman inspirant. Désolé de te répondre que maintenant, je ne comprends pas, le blog ne m'a pas prévenu des commentaires reçus.

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  3. Lu ce roman (désormais disponible dans l'AMAP dont je fais partie). cela m'avait aussi donné l'envie de lire la BD qui en a été tirée, peut-être plus "crue" pour certaines images (irruption masculine), et qui tient moins compte du rapport presque "spirituel" à la forêt (via l'histoire amérindienne...), mais que je vous conseille aussi.
    (s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola

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    1. Merci pour l'idée BD. Ce roman est vraiment l'un de ceux que j'ai préféré ces dernières années.

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