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A prendre ou à laisser (Lionel Shriver)

 

Should I stay or should I go ?

Kay et Cyril, deux britanniques quinquagénaires se font une promesse : se suicider à 80 ans pour s'éviter la déchéance physique et/ou mentale de la dernière partie de leur vie et, par la même occasion, ne pas être un poids pour leurs enfants et la société. Lionel Shriver propose une douzaine de scénarios différents possibles pour l'épilogue d'une décision plus facile à énoncer qu'à appliquer.

Le roman commençait bien car il promettait ce que j'espérais : l'analyse des différentes alternatives offertes aux gardiens d'un tel secret, la date fatidique arrivant à grand pas, y compris leurs dilemmes et scrupules. Un sujet difficile qui m'intéresse tout particulièrement et traité avec une dose bienvenue d'humour et d'ironie ainsi que l'irruption de circonstances inattendues, comme le Brexit ou la crise du Covid, qui ajoutent du piment au débat.

A ma surprise, le roman change assez rapidement de direction. Bye bye la crédibilité et bonjour le rocambolesque et le fantastique. Les époux audacieux ont pactisé avec le diable : ils doivent en subir les conséquences. Autant le dire, sur le moment, je n'ai pas apprécié. Ca part en sucette et je dois faire le deuil de mes interrogations qui étaient : quelles sont les options réalistes qui s'offrent à tout un chacun qui atteint un âge certain ?

Il me fallait persévérer et j'ai vite compris où l'auteure voulait en venir. L'invraisemblable amène une dimension et une épaisseur supplémentaires aux réflexions du vieux couple d'amoureux face à leur seul choix personnel. Le débat intime devient sociologique, existentiel, universel. Qu'est ce que ça dit sur nous êtres humains qui avons peur de la mort ?

Il confirme aussi ce que l'on sait déjà : c'est l'inévitable trépas et son échéance inconnue qui fait tout le sel de la vie.

Pocket - page 300

- Tu te souviens quand on a décidé de ne pas sauter le pas à ton quatre-vingtième anniversaire ? commença Cyril. Tu m'as dit que « tu voulais savoir ce qui allait se passer ». Tu avais l'impression d'être au milieu de toutes sortes d'histoires, le changement climatique, le coronavirus et je crois bien que tu as même parlé du Brexit, franchement, et de Donald Trump. Tu disais que jeter l'éponge en 2020, ce serait comme rendre des romans pas terminés à la bibliothèque.
-  Et tu m'as répondu que quel que soit le moment où on mourait, se rappela-t-elle, il y avait forcément une crise historique en cours et, donc, laisser les choses en plan faisait partie intégrante de la mort.

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